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Il était deux fois

Image par Tomasz Mikołajczyk de Pixabay

Je vais faire cette chronique, je vous le promets, mais d’abord, je vais faire quelques trucs avant. Histoire de faire redescendre la pression.

La 4e pour commencer :

« En 2008, Julie, dix-sept ans, disparaît en ne laissant comme trace que son vélo posé contre un arbre. Le drame agite Sagas, petite ville au cœur des montagnes, et percute de plein fouet le père de la jeune fille, le lieutenant de gendarmerie Gabriel Moscato. Ce dernier se lance alors dans une enquête aussi désespérée qu’effrénée.

Jusqu’à ce jour où ses pas le mènent à l’hôtel de la Falaise… Là, le propriétaire lui donne accès à son registre et lui propose de le consulter dans la chambre 29, au deuxième étage. Mais exténué par un mois de vaines recherches, il finit par s’endormir avant d’être brusquement réveillé en pleine nuit par des impacts sourds contre sa fenêtre…

Dehors, il pleut des oiseaux morts. Et cette scène a d’autant moins de sens que Gabriel se trouve à présent au rez-de-chaussée, dans la chambre 7. Désorienté, il se rend à la réception où il apprend qu’on est en réalité en 2020 et que ça fait plus de douze ans que sa fille a disparu… »

Connaissez-vous ces livres dont les images se construisent d’elles-mêmes ? Les paysages, les personnes et les émotions transparaissent si facilement dans ma tête et mon corps, qu’il m’est difficile de me souvenir. Les sensations de Gabriel quand il traverse un lieu espérant le mener à sa fille d’une manière ou d’une autre me serrent le cœur. J’avais l’impression que la jeune femme disparue était de mon propre sang ; que la personne recherchée était là quelque part, bien vivante.

Aujourd’hui, plus de 43 000 disparitions ont été signalées en France. Bien souvent, il s’agit de fugues, et très vite ces personnes sont retrouvées. Mais que se passe-t-il quand cela n’est pas le cas ? La perte d’un enfant, c’est-à-dire la mort de celui-ci est bien souvent ce que l’on entend par la pire chose qu’il puisse arriver aux parents. Mais je ne pense pas que cela soit tout à fait vrai. Je pense que la pire des choses qu’il puisse arriver aux parents, c’est la perte géographique de leurs enfants. Et par perte géographique, j’entends par là la disparition, l’enlèvement de leur enfant. Il est là quelque part, invisible et impalpable. Et la seule chose qui nous est donnée à ce moment-là, c’est l’espoir. L’espoir et le doute. ‘Si notre enfant est encore en vie, que lui font-ils subir à cet instant ?’ S’infliger toutes sortes de douleurs psychologiques en ayant l’impression de vivre ce que l’enfant pourrait subir est, je pense une torture ; une abomination que personne ne devrait connaître un jour. Et qui pourtant doit arriver aux proches de ces 43 000 disparitions.

Franck Thilliez nous pousse dans un labyrinthe de raisonnements, de questions, et d’angoisses. Il nous laisse livrés à nous-mêmes, savourant à l’avance – j’en suis sûre – la détresse dans laquelle il nous noie dans cet océan de suspense.

Il était deux fois est le premier roman que je lis de cet auteur. N’hésitez pas à me conseiller des policiers. M’y connaissant très peu, j’explore encore les délires acharnés de ces auteurs à thrillers.